La neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9), qui s’est tenue du 20 au 22 août à Yokohama, a placé l’intelligence artificielle (IA) au cœur des discussions entre l’Afrique et le Japon. Le président comorien Azali Assoumani, présent à ce rendez-vous majeur, a souligné les opportunités que représentent les nouvelles technologies pour le développement de l’archipel.
L’IA comme levier de transformation
Le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé un programme ambitieux : former 300 000 Africains aux métiers de l’IA et de la data science en trois ans. En parallèle, une initiative spécifique prévoit la formation de 30 000 experts en intelligence artificielle afin de stimuler la numérisation, l’innovation et la création d’emplois sur le continent.
Pour les Comores, cette annonce ouvre une voie inédite. L’archipel, encore marqué par des retards en matière d’infrastructures numériques, pourrait bénéficier d’un transfert direct de compétences dans un secteur à haute valeur ajoutée. La jeunesse comorienne, très connectée et avide de formation, pourrait devenir un moteur de cette transformation, à condition que les autorités locales créent un cadre favorable à l’intégration de ces programmes.
Des retombées possibles aux Comores
L’application concrète de l’IA peut toucher plusieurs secteurs stratégiques comoriens :
- Santé : développement de systèmes de télémédecine appuyés par l’IA pour pallier le manque de spécialistes et améliorer le suivi des maladies chroniques.
- Éducation : plateformes d’apprentissage personnalisées capables d’accompagner la formation des jeunes, y compris dans les zones reculées.
- Agriculture et pêche : outils d’analyse prédictive pour améliorer la productivité agricole, prévenir les maladies des cultures et optimiser les ressources halieutiques.
- Gestion des risques climatiques : utilisation de l’IA pour anticiper les catastrophes naturelles, notamment les cyclones qui frappent régulièrement l’archipel.
- Gouvernance : numérisation des services publics et lutte contre la fraude grâce aux outils de data science.
Dans chacun de ces domaines, l’appui japonais pourrait se traduire par des partenariats universitaires, des stages de formation pour les jeunes ingénieurs comoriens, et la création de hubs numériques à Moroni.
Au-delà de l’IA : d’autres opportunités ouvertes par la TICAD 9
Si l’IA a constitué l’un des points phares, la TICAD 9 a également mis en avant des domaines qui intéressent directement les Comores :
- Économie bleue : le Japon a proposé une initiative régionale océan Indien-Afrique, qui pourrait s’arrimer à la stratégie comorienne de valorisation durable de ses ressources maritimes.
- Énergies renouvelables : l’expertise japonaise dans le solaire et la gestion des micro-réseaux pourrait soutenir l’autonomie énergétique des îles.
- Santé publique : un financement de 550 millions de dollars a été promis à l’Alliance GAVI pour les vaccins, ce qui peut contribuer à renforcer les systèmes de santé insulaires.
- Infrastructures et urbanisme : le Japon propose un soutien aux villes africaines pour un développement urbain durable, une question cruciale pour Moroni confrontée à une urbanisation rapide et souvent informelle.
Faire des Comores un laboratoire insulaire de l’IA
Pour le président Azali Assoumani, la participation à Yokohama n’était pas seulement symbolique. Elle ouvre la possibilité d’inscrire les Comores dans un réseau international où l’IA devient un levier de développement durable. Dans un pays de petite taille, l’IA pourrait être testée à moindre échelle et produire rapidement des résultats concrets, faisant de l’archipel un laboratoire insulaire de la transition numérique africaine.
La TICAD 9 marque un tournant : en plaçant l’intelligence artificielle au centre de la coopération Afrique-Japon, elle offre aux Comores une opportunité historique. Encore faut-il que l’archipel sache capter ces ressources, orienter sa jeunesse vers les formations annoncées et bâtir un écosystème numérique local. Dans ce domaine, les Comores jouent peut-être aujourd’hui leur avenir.
ANTUF Chaharane


Réagissez à cet article