
« Mpaka daula ya haki ». Alors que les
coups de fouets s’enchainent, Ben Abdallah refuse de renoncer aux
valeurs et principes qui fondent sa personnalité. C’était en 2017 qu’il
est suspendu de son poste de chargé de communication de l’Onicor. Un
poste qu’il avait pourtant obtenu par concours et auquel il s’est vu
remplacer par une simple note. L’intéressé très connu sur les réseaux
sociaux sous le pseudo d’« Abu Malha » assure n’avoir commis aucune faute grave pouvant justifier sa suspension. Son tort ? Ses positions
tranchées contre les mauvaises pratiques de l’État qu’il ne se prive pas de dénoncer avec une façon bien à lui.
« J’ai reçu une suspension non justifiée que je qualifierais
d’abusive », se souvient-il. Droit dans ses bottes, il accuse le régime
en place d’avoir « tout politisé », « voire les postes subalternes.
Malgré sa situation, il prendra congé en février dernier pour mener
campagnes en faveur du candidat soutenu par le parti Juwa, maitre
Mahamoudou. Il n’était pas qu’un simple figurant puisqu’il était dans le
staff du candidat qui avait suscité beaucoup d’engouement. Une
initiative qui ne va pas du tout arranger sa situation avec son
employeur. « Dans ce pays, les gens pensent que c’est incompatible pour
un enfant de ce pays de travailler pour l’État et d’être un opposant du
régime en place », doit-il regretter.
Après avoir été un agent simple de l’Onicor depuis sa suspension du
poste de chargé de communication, il se verra il y a quelques mois
affecté à Mohéli. Seulement la procédure a été bâclée, à l’en croire. Il
nous fait savoir que selon la close de mobilité des textes de l’Onicor,
« le salarié sera informé de cette décision de mutation dans un délai
de 30 jours avant la prise de fait de sa nouvelle affectation ». Or,
lui, il n’a eu que 10 jours pour se dépatouiller. Il a pris acte de la
décision et parti à Mohéli le 2 mai. Le destin a fait qu’il soit
confronté à des problèmes de santé à tel point que « ça nécessitait une
évacuation d’urgence ».
Le certificat médical en bonne et due forme n’aura pas convaincu son
employeur. Son salaire est suspendu dans la foulée « sans raison
valable ». « Je suis victime d’une situation abusive de solde »,
raconte-t-il la gorge nouée mais la détermination intacte. Après moult
tentatives d’arranger la situation en interne, il a fini par décider de
sauter et saisir l’inspection de travail. Actuellement, l’affaire est
entre les mains de la justice. « Mpaka daula ya haki ! (jusqu’à ce qu’on
l’on ait un État de droit) », répète-il sans cesse.
Andjouza Abouheir / LGDC
Sommes nous dans un état de non droit ?
Sûrement, car, une suspension de salaire ou une sanction pécuniaire est strictement interdite. Si les autorités comoriennes ignorent le droit interne, elles doivent pas marcher sur le droit international.
D’abord, les autorités comoriennes s’engagent à respecter les principes de l’organisation internationale du travail (OIT). Cette institution fixe de principes fondamentaux à respecter notamment le congédiement d’un salarié avec une cause sérieuse, un salaire décent et le respect des institutions qui garantissent le respect du droit du travail, y compris l’inspection du travail.
Si ce salarié est un fonctionnaire, celui-ci est appelé à respecter une charte de conduite. Car, un agent de l’état est recruté par concours et nommé par arrêté. Il doit en effet, être neutre auprès du public et avoir un droit de réserve. Il a droit à ses opinions philosophique, religieuses ou autres à condition que celles ci ne constituent pas une gêne pour le bon fonctionnement du service public.
Par ailleurs, si son poste est exposé à des éléments sensibles, le fonctionnaire doit impérativement maîtriser son langage à la fois au travail et en dehors du travail.
Si ce dernier est un fonctionnaire, malgré la dictature insupportable du colonel azali assoumani Mugabe, ce fonctionnaire doit rester neutre. Sinon, il risquerait la sanction voire la révocation.
Toutefois, si ce salarié est un travailleur dans le privé, ne vous inquiéter car, justice vous sera rendue. En effet, vos salaires seront payés intégralement. Ensuite, la mobilité imposée est illégale si aucune clause de mobilité n’est mentionnée dans le contrat.