Pendant que des pays comme la France misent massivement sur l’éducation publique, aux Comores, le ministère de l’Éducation nationale demeure l’un des moins financés de l’État. Résultat : des enseignants régulièrement en grève faute de salaires, des écoles publiques délaissées et, paradoxalement, un système éducatif dominé par le privé qui scolarise près de 80 % des élèves, notamment à Ngazidja.
Dans ce contexte fragile, le ministre Bacar Mvoulana a réuni, le 22 août à la faculté Imam Chafiou, les responsables des établissements privés. Au programme : bulletins uniques, contrôle des diplômes et accompagnement pédagogique. Mais une question dérange : est-ce vraiment la priorité ? Pourquoi consacrer autant d’énergie à renforcer le privé au lieu de sauver un public en détresse ?
Le ministre a annoncé l’instauration d’un bulletin unique national dès la prochaine rentrée, présenté comme un outil pour harmoniser les pratiques et suivre les décrochages scolaires. Il a également justifié la vérification des diplômes dans le privé et la mise en place d’une base de données des enseignants. Autant de mesures techniques, mais qui masquent un problème fondamental : où sont les solutions pour que les familles reviennent vers l’école publique ?
Le secrétaire général, Saïd Soulé Saïd, a rappelé que «la possession d’une simple licence ne suffit pas pour enseigner» et promis un plan de formation pour le privé. Mais pourquoi cet effort ne vise-t-il pas d’abord le public, où le manque de formation et d’encadrement est criant ?
Alors que d’autres nations investissent dans des infrastructures modernes et la formation continue, les Comores semblent se résigner à déléguer l’avenir de leurs enfants au privé. Est-ce un choix stratégique ou un constat d’échec ? Tant que le ministère ne sera pas doté d’un budget conséquent, la question reste entière : qui portera réellement l’éducation nationale ?
IBM


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