
La Convergence de l’Opposition comorienne a lancé un appel à une grève nationale pour lundi 16 décembre 2024. Cet appel invite les citoyens à ne pas se rendre au travail pour exprimer leur mécontentement face aux multiples crises que traverse le pays. Cette mobilisation se veut une réponse collective à des problèmes persistants, tels que les coupures d’électricité, le manque d’eau potable, les dysfonctionnements des infrastructures hospitalières et les retards de paiement des fonctionnaires.
L’appel est porté par plusieurs figures emblématiques de la politique comorienne, chacune ayant marqué la scène nationale par leurs engagements et combats.
Achirafi Saïd Hachim : Ancien ministre de l’Intérieur sous la présidence de Mohamed Taki (1995-1998) et ministre de la Fonction publique et des Affaires islamiques sous le président Djohar. Fondateur du parti Convention pour l’alternance démocratique et l’interaction mutualiste aux Comores (CADIM), il a plaidé pour une refondation des institutions lors de sa candidature à l’élection présidentielle de 2016. Aujourd’hui en France, il est l’un des principaux initiateurs de cet appel.
Dr. Zilé Soilihi : Expert en énergie, il a été chargé de coordonner les assises sur l’énergie en 2017. Bien que sa candidature à la présidentielle de 2019 ait été rejetée par la Cour suprême, il reste une figure respectée, notamment au sein de la diaspora comorienne. Il soutient activement l’appel depuis la France.
Hamidou Karihila : Ancien secrétaire général du parti au pouvoir, la Convention pour le Renouveau des Comores (CRC), il a fondé son propre parti, Espoir des Comores, en 2022. Candidat à la présidentielle de 2019, il a récemment vu sa candidature aux législatives de 2025 rejetée. Il critique vivement la gestion actuelle du régime, dénonçant notamment une « arrestation humiliante » qu’il a subie en janvier 2024.
Mohamed Daoud, dit Kiki : Ancien ministre de l’Intérieur sous le régime d’Azali Assoumani, il est devenu un opposant actif après l’invalidation de sa candidature aux élections législatives. Il est également un fervent critique de l’administration actuelle.
Youssouf Boina : Leader originaire de Mkazi, il incarne la voix des populations rurales dans ce mouvement et milite activement pour une meilleure gouvernance.
Cet appel à la grève se distingue par son caractère pacifique : il ne s’agit pas de descendre dans la rue mais de rester chez soi et de ne pas aller travailler. Les secteurs visés incluent les transports, notamment les chauffeurs de taxi, ainsi que la fonction publique. Selon les organisateurs, cette approche vise à minimiser les risques pour la sécurité des participants tout en envoyant un signal fort au régime en place.
L’appel divise. D’un côté, les partisans considèrent cette mobilisation comme une opportunité de démontrer la prise de conscience populaire face aux défis actuels. De l’autre, les critiques pointent du doigt l’absence physique d’Achirafi Saïd Hachim et de Dr. Zilé Soilihi, tous deux basés en France, pour diriger ce mouvement sur le terrain.
Malgré cela, de nombreux observateurs politiques jugent cette grève significative. Elle pourrait révéler si la population adhère aux revendications des leaders de l’opposition et est prête à exprimer son mécontentement face aux multiples crises qui affectent le quotidien.
L’issue de cette mobilisation pourrait marquer un tournant dans la contestation du régime en place. Si la grève est largement suivie, elle renforcerait la position de l’opposition et son rôle dans le dialogue politique national. Dans le cas contraire, elle pourrait refléter un désintérêt ou une lassitude des Comoriens face aux initiatives politiques. Seul le 16 décembre 2024 révélera si cet appel sera entendu par la population.
ANTUF Chaharane
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