
Le 24 avril 2025, à Antananarivo, lors du sommet de la Commission de l’Océan Indien (COI), un moment de vérité s’est imposé sur la scène diplomatique régionale. Face à ses homologues, face aux caméras, et surtout face à Emmanuel Macron, le président comorien Azali Assoumani a pris la parole avec une audace que beaucoup redoutent, mais que peu osent. D’un ton ferme, il a déclaré sans détour : « Mayotte est comorienne, point barre. »
Ce n’est pas tous les jours qu’un chef d’État africain ose remonter les bretelles au président français avec autant de clarté, d’ironie maîtrisée, mais surtout avec une dignité politique rare. Azali n’a pas mâché ses mots, rappelant que le droit international est clair, que les résolutions de l’ONU soutiennent les Comores, et qu’aucun artifice juridique ne pourra faire oublier que Mayotte reste une île comorienne illégalement occupée.
Pendant ce temps, Andry Rajoelina, président malgache et hôte du sommet, est resté silencieux. Pire encore, il a évité toute confrontation sur un sujet pourtant fondamental pour son propre pays : les îles Éparses. Ces îles, reconnues par l’ONU comme appartenant à Madagascar, sont toujours sous contrôle français. Et pourtant, Rajoelina baisse les yeux, garde le silence, et tend la main, préférant les « discussions stériles » aux prises de position fermes.
La différence entre les deux chefs d’État est frappante. Azali agit en homme d’État qui porte la voix de son peuple, qui ose parler haut et fort pour défendre la souveraineté de son pays. Rajoelina, lui, joue la carte de la prudence diplomatique, quitte à perdre l’estime de ceux qui attendent du courage et de la fermeté. Et comme le rappelle crûment la presse, Rajoelina est lui-même citoyen français — un détail qui suscite des interrogations croissantes au sein de la population malgache.
Azali Assoumani a ainsi incarné une parole libre, décomplexée, décoloniale. Il a rappelé que la souveraineté ne se négocie pas, elle se revendique. Et en ce 24 avril, à Antananarivo, ce n’était pas Rajoelina l’homme fort du moment. C’était Azali, le Comorien, celui qui dit ce que beaucoup pensent tout bas, même à Madagascar.
Alors que la France continue de parler de « dialogue » pendant que la mer se rétrécit, que les îles se perdent et que la mémoire des ancêtres s’efface doucement sous les drapeaux tricolores, au moins un homme a pris la parole. Et il ne l’a pas fait à moitié.
Mohamed Youssouf
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