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Aucun homme ne connaissait Ali Soilih aussi bien que lui : Lou Belletan, l’historien de la révolution, vient de nous quitter

 

 

 

Celui qui a écrit le classique L’Imposture féodalo-bourgeoise, celui qui a tant écrit sur Ali Soilih, sur la révolution comorienne, sur notre histoire tourmentée et nos contradictions profondes.

Celui qui a publié sous mille visages : Casimir, Side, Kari Adjali, Kana Azidjuwao… mais aussi Fundi Kadji Ata, « le maître qui ne sait rien ». Quelle humilité. Quel engagement. Tout un symbole.

Lou Belletan est mort. Mais il est mort jeune.

Parce qu’un homme ne vieillit pas quand son esprit reste vivant. Parce qu’au seuil de la mort, alité, affaibli, il rêvait encore d’un retour aux Comores en 2026, pour relancer un nouveau projet de recherche. Parce qu’à plus de 80 ans, il portait encore en lui mille idées, mille manuscrits inachevés, mille chantiers intellectuels à ouvrir.

 

Il est mort sur le sentier de la vérité, sans jamais s’être reposé.

Depuis sa jeunesse, il avait été frappé par l’éclat d’une étoile qu’il n’a jamais cessé de suivre : Ali Soilih, « l’étoile éblouissante », comme il l’appelait. Il consacra sa vie à comprendre l’homme, ses idées, ses rêves brisés, ses discours. Il les traduisait, les contextualisait, les interrogeait, sans relâche, avec exigence, sans complaisance.

Lou Belletan n’était pas qu’un penseur. Il était un chercheur dans le sens noble du terme : un homme qui cherche à comprendre le monde, à écouter les voix des peuples, à éclairer les silences de l’histoire.

Un parcours de vie, une vie de recherche

Né en 1938 à Nice, il fait ses études primaires dans sa ville natale (1944-48), puis secondaires à Paris (1948-58). Son passage dans l’armée française, notamment pendant la guerre d’Algérie (1959-61), marquera sa conscience politique.

Il enseigne d’abord en Tunisie (1962-64) après l’obtention de son CAP d’instituteur (1964). Il poursuit ses études universitaires, obtenant une licence d’anglais (1968), une maîtrise (1970), un CAPES (1971), une licence de Lettres Modernes (1971), puis plus tard un DEA en Anthropologie-Histoire (1996).

Il arrive aux Comores en septembre 1972, comme professeur d’anglais au Lycée Saïd Mohamed Cheikh. Trois ans plus tard, la France rompt ses relations avec les Comores nouvellement indépendantes. Tous les enseignants français repartent. Lui, il reste.

Il reste, non pas par attachement à une fonction, mais par fidélité humaine, politique, intellectuelle. Il reste pour apprendre la langue, pour comprendre la société, pour écouter les récits des anciens.

Dès 1974, il commence une collecte immense et inachevée de traditions orales et écrites dans les quatre îles. Il parle shikomori avec fluidité, sillonne les villages, enregistre, transcrit, classe, étudie. Il travaille aussi dans les archives à Aix, Paris, Toulon, Maurice, La Réunion, les Comores, à la recherche de traces éparses du passé comorien.

De 1985 à 1988, il enseigne à Mayotte, puis à La Réunion jusqu’en 1998. Toujours, il continue d’écrire, de fouiller, de transmettre. Il mène de nombreux entretiens avec des témoins de la révolution comorienne, qu’il documente avec rigueur.

Rentré en France, il ne tourne jamais le dos à cette histoire. Il fonde la maison d’édition Djahazi, où il publie ses œuvres majeures sur les Comores et l’océan Indien, avec une volonté farouche d’indépendance intellectuelle.

Un hommage à la hauteur de l’homme

Lou Belletan a été une archive vivante, une mémoire structurée, un regard libre et aimant sur notre archipel. Il ne flattait pas, il questionnait. Il ne célébrait pas les idoles, il interrogeait les utopies. Et c’est cela qui faisait sa grandeur.

Aujourd’hui, nous perdons un frère de pensée, un camarade de vérité, un amoureux lucide. Il n’était pas comorien par le sang, mais il l’était par le cœur, par la langue, par l’histoire.

Il est mort jeune, car son intelligence ne s’est jamais fanée.Merci, Lou.Merci, Fundi Kadji Ata.Merci pour ton amour silencieux et exigeant.Tu as rejoint le Mongozi. Mais ta voix, elle, reste avec nous.

ANTUF Chaharane 

 

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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