Dans toute bataille il y a deux fronts à mener: la bataille proprement dite et celle de la communication. Cet aspect n’a pas échappé aux responsables du journal Alwatwan qui, depuis quelques mois, mettent les petits plats dans les grands pour servir des articles toutes lisses au maître de Beit-Salam. Cela s’est encore confirmé ce mardi. Pendant régime Azali mène sa bataille dans les ruelles de la médina de Mutsamudu en vue « du rétablissement de l’ordre » à coup d’obus sur des civils non armés, les plumes du canard d’État ont décidé d’apporter leur obole à cette bataille de l’Imam de Beit-Salam et accessoirement « généreux employeur » de l’équipe du journal. Eh oui, vous l’avez remarqué, l’Emergent en chef se vante sans gêne que c’est lui qui » paye » les journalistes d’Alwatwan comme si les fonctionnaires qui y travaillent percevaient de l’argent provenant de sa propre poche.
Pour revenir à notre histoire, cela ne doit certainement pas avoir échappé aux lecteurs d’Alwatwan qui ont lu l’édition de ce mardi 16 octobre avec cette Une tapageuse parlant des évènements qui se déroulent à Ndzouani. » Barricades à Ndzouani/ » La situation sous contrôle ». Une déclaration du ministre de l’intérieur Mohamed Daoudou alias Kiki publié en page 3 et qui ne correspond absolument pas à la réalité sur le terrain. Mais cela passe encore, on est ici précisément dans la communication gouvernementale. Soulignons juste que c’est curieusement ce mardi, alors que les autorités disent avoir le contrôle du terrain, que le conflit a fait ses nombreuses victimes ( morts et blessés).
Mais dans tout cela ce qui éveillé notre curiosité, voire même notre incompréhension c’est un autre article publié dans la même page que celui rapportant les propos du ministre. Celui-ci est écrit par le correspondant du journal à Ndzouani. Il porte le titre suivant : « Ndzouani : la vie reprend son cours après les barrages. » Un titre qui semble tombé du ciel car ce qui est décrit dans l’article ne colle pas, mais alors pas du tout avec le fond. Par curiosité, j’ai décidé de contacter le rédacteur de l’article qui m’a dévoilé qu’en fait le titre initial de son papier était le suivant » Ndzouani : un brusque soulèvement paralyse l’île depuis lundi ». C’est à dire le contraire de ce qui est paru dans le journal de ce mardi et qui, avouons le, exprime ce qui se passe à Anjouan. En effet, la rédaction a tout bonnement décidé de s’accoler fidèlement à la communication gouvernementale pour ne pas froisser leur « employeur » avec tout de même risque de ridiculiser leur correspondant qui, soulignons le, abat un travail formidable d’information sur l’île de Ndzouani. Rappelez-vous, il y a quelques mois, la même rédaction du journal Alwatwan avait publié un rectificatif des propos du Coordonnateur de l’Action gouvernementale à Ndzouani au lendemain de la publication d’un article de leur correspondant. Ces propos qui étaient fidèlement rapportés par le journaliste furent pourtant tenus ouvertement et publiquement. Ils étaient ensuite publiés dans les réseaux sociaux et donc accessibles à tout le monde. Les responsables du journal à Moroni n’ont pas hésité à les réécrire pour ne pas froisser la sensibilité des mêmes de la Ligue des États Arabes et plus précisément notre nouveau maître le Royaume Saoudien. L’autocensure dans toute sa splendeur. Il y a un certain journalisme qui ne s’embarrasse pas des règles déontologiques. Le journalisme de révérence. Tout est mis en œuvre pour ne pas provoquer l’ire de Beit-Salam qui a déjà fait deux victimes au journal Alwatwan.
Faissoili Abdou
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